Briser les stéréotypes de genre
L'interview croisée de Floriane, Monteuse électricienne, et Tony, Assistant d'Agence, chez Equans France.
Quand on veut, alors on peut !
Floriane Florent se dit elle-même « Monteur électricien ». Elle fait partie des 278 femmes qui, chez Ineo, travaillent sur des chantiers, une singularité. Tony Courtot, lui, est l'un des deux « Assistants d'Agence » autrement dit « secrétaires » d'Equans France. Aucun d'eux n'imaginait réaliser un tel parcours et s'épanouir dans ces métiers. Ils illustrent parfaitement le thème de la mixité et la lutte contre les stéréotypes.
La parité progresse sur les chantiers et en agence
Comment êtes-vous venus à pratiquer des métiers dans lesquels on ne s'attend pas à voir une femme ou un homme ? Était-ce une vocation ?
Floriane
Pas du tout ! Jamais je n’aurais imaginé toute seule me retrouver un jour en haut d’une nacelle à installer, maintenir ou réparer des installations d’éclairage public. Le métier que je pratiquais en intérim, c’était préparatrice de commandes, principalement pour des marques de prêt-à-porter ou de vente à distance. En 2016, ma société d’intérim m'a proposé une mission sur un chantier. J'ai sauté sur l'occasion et appris le métier sur le tas. Six ans plus tard, je ne me pose plus la question de savoir si c'est un métier pour moi ou pas.
Tony
Si vous lisez mon CV, vous constaterez que rien ne me prédisposait à devenir secrétaire ! J'ai été opérateur sur commandes numériques, ouvrier en céramique, opérateur de forge, ouvrier de blanchisserie, préparateur de commandes et cariste, magasinier, auxiliaire ambulancier… ce sont des problèmes de santé qui m’ont obligé à m’éloigner des métiers physiques. En juillet 2019, France Travail m’a proposé une semaine d’immersion dans le bureau d’études de l’agence de Vendeuvre-sur-Barse, en Champagne-Ardenne. J’ai foncé. Pas très à l’aise au bureau d’études mais montrant à quel point j’étais motivé et sérieux, on m’a proposé d’aller donner des coups de main au secrétariat. Sincèrement, le premier jour, je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir y faire. Mais ça s’est bien passé et, en juin 2020, j’ai remplacé une secrétaire qui avait évolué vers un autre poste. Vraiment, je ne le regrette pas.
Le premier jour, je me suis demandé ce que j'allais bien pouvoir y faire. Tony Courtot - Assistant d'agence
Lutte contre les stéréotypes de genre en milieu professionnel
Avez-vous conscience de faire un métier réputé féminin, pour vous Tony, et masculin, pour vous Floriane ? Vous le fait-on savoir ? Avez-vous été confrontés à des remarques sexistes ?
Tony
Je ne vois vraiment pas en quoi ce métier de secrétaire est particulièrement féminin. D’ailleurs, on voit de plus en plus d’hommes dans des métiers d’accueil. La parité progresse dans toutes les professions. Du côté de mes proches, on me félicite surtout d’avoir réussi à me reconvertir dans un emploi qui ne met plus ma santé en jeu et dans lequel on ne m’attendait pas. Les collègues féminines qui m’ont formé me taquinent parfois, c’est vraiment dans un bon esprit, pour la rigolade, et je crois qu’elles sont plutôt contentes de voir un homme exercer ce métier. Au final, personne, au travail ou en dehors, n’a jamais cherché à me mettre mal à l’aise avec mon métier.
Du côté de mes proches, on me félicite surtout d’avoir réussi à me reconvertir !
Floriane
On me l’a fait remarquer que je faisais un métier plutôt masculin, mais plutôt gentiment et en me félicitant. Du côté des collègues, je peux voir qu’ils sont plus attentionnés envers moi qu’avec d’autres collègues, mais c’est vraiment de la gentillesse et je ne ressens aucun sexisme. Alors, je reconnais que porter une lanterne avec une grosse crosse est assez difficile, mais, dans ces cas-là, on monte à deux et le problème est réglé. Tout le monde peut faire ce travail. Les gens me disent souvent « bonjour monsieur » puis, quand ils voient bien ma tête, se montrent un peu surpris et se fendent d’un « excusez-moi madame ». En fait, c'est plutôt marrant.
Les gens me disent souvent "Bonjour Monsieur" !
Formation, parcours professionnels et diversité
Quelles formations avez-vous suivies ?
Tony
J'ai été formé par deux secrétaires en poste. Cela a pris six mois pour que je sois complètement à l’aise. Maintenant, je sais faire tout ce qu’il y a à faire pour être assistant d’agence. Et bien sûr, à chaque nouvel outil logiciel ou grosse évolution pour gérer les factures, les commandes ou autres, nous sommes formés pour être rapidement efficaces. Mais tout ce que j’ai appris, je l’ai appris ici.
Floriane
Je suis entrée chez Ineo par intérim puis avec un contrat en alternance durant 24 mois. L’école était à Amiens et je visais un brevet professionnel de monteur électricien, que j’ai eu. J’ai donc été embauchée en janvier 2018. Depuis j’ai passé plusieurs brevets professionnels pour travailler sur des installations hors et sous tension.
Management au sein d'Equans France
Le management a-t-il eu un rôle spécifique, important ?
Tony
Les équipes ont été primordiales. Je voudrais saluer particulièrement Agnès Mahu devenue assistante conducteur de travaux et Audrey Paulin, toujours là, pour m’avoir accueilli et formé et soutenu, ainsi que le management pour leur confiance. On a cru en moi et ça s’est bien passé, alors que je partais vraiment de zéro. On m’a donné ma chance, j’ai été épaulé et suivi.
Floriane
Je suis vraiment reconnaissante envers David Prévot, mon tuteur pendant vingt-quatre mois, qui est devenu, depuis, chef dans les bureaux. Grâce à lui, je suis tombée amoureuse de mon travail. Et puis je voudrais remercier toute l’équipe de l’agence de Lesquin, qui m’a super bien accueillie et intégrée, qui fait que je suis heureuse d’aller travailler chaque matin.
Floriane et Tony : Leurs aspirations professionnelles
Comment voyez-vous votre évolution professionnelle ? Craignez-vous un « plafond de verre » ?
Floriane
L’avenir professionnel, c’est de ne pas rester sur chantier toute ma vie. J’aimerais donc évoluer et passer un jour dans les bureaux pour organiser le travail des autres. J’en parle avec mes supérieurs et cherche à savoir avec quelles formations ça serait possible. L’idée serait d’y parvenir dans les cinq ans qui viennent. Mais ce qui est compliqué, c’est que, quand on a travaillé à l’extérieur, avec cette liberté, il est difficile de se projeter enfermée dans des locaux. Donc je prends mon temps et réfléchis au poste qui pourrait continuer à me plaire comme celui que j’ai actuellement et qui me plaît beaucoup.
Tony
Pour le moment, je me sens vraiment bien là où je suis. C’est un métier sans routine dans lequel on ne s’ennuie jamais, dans lequel il y a toujours à apprendre.
Chiffres clés*
Chiffres clés*
*Chiffres 2022 - Equans France